Les exosquelettes professionnels sont appelés ainsi car, derrière ce terme savant, à la limite de la science-fiction, se cache des technologies de pointe au service du bien-être au travail. Un exosquelette (littéralement squelette extérieur, comme la carapace d’une tortue) est un appareil d’assistance et de maintien de la posture. Aujourd’hui complètement connecté, il permet de réduire la fatigue, notamment celle des techniciens sollicitant leur physique toute la journée (comme les personnes travaillant à la chaîne). Pourtant, alors que les signalements de troubles musculo-squelettiques se multiplient, les exosquelettes professionnels sont encore peu répandus. Alors la question se pose : les exosquelettes professionnels apportent-ils une véritable aide en la matière ? Les avis divergent…
Les exosquelettes : une vision avant tout
Les exosquelettes sont la résultante d’une politique HCD (human centred design). Elle découle d’une philosophie. Une philosophie qui place l’utilisateur des objets, le travailleur, au centre de la conception des objets qu’il utilisera. Pourquoi sont-ils si peu répandus ? L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail souligne l’absence de réglementation dans la gestion et la définition du risque. Pour apporter une réponse globale dans la gestion du risque, il faut d’abord se mettre d’accord sur la définition de ce dernier. C’est alors que les exosquelettes deviendront un outil global au service sa gestion.
L’agence européenne propose des indicateurs pour définir cette politique commune de gestion de risques. Qui sont: le poids levé, porté ou poussé, la fréquence d’effort et les zones de pression sur le corps pour les personnes au bureau. Devant le risque croissant des troubles musculo-squelettiques (TMS) elle veut faire des exosquelettes une réponse globale. Alors bonne ou mauvaise idée ?
Des avis qui divergent
L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail est unanime : les exosquelettes sont une aide majeure contre les TMS. Ce n’est pas le même son de cloche coté français. En 2018, l’INRS (Institut national de Recherche et de Sécurité) a publié un fascicule sur la question à destination des chefs d’entreprise. Et son avis sur la question est clair : les exosquelettes n’aident pas à lutter efficacement contre les TMS. Ils « ne sont pas systématiquement adaptés à la morphologie de chacun (sexe, taille, poids) ou à certains problèmes de santé d’ordre musculo-squelettique, cardio-vasculaire et respiratoire ». L’agence va même plus loin et affirme que les exosquelettes peuvent créer à leur tour des problèmes de santé. Elle liste 6 risques potentiels liés à l’utilisation des exosquelettes :
- La collision avec une personne tierce
- La collision avec l’utilisateur (l’exosquelette, souvent robotisé, commet une erreur et blesse son utilisateur)
- L’écrasement (notamment du dos, l’Agence pointe également un risque de coincement)
- Les lésions articulaires (si les amplitudes de mouvement viennent à dépasser les limites physiologiques de l’utilisateur)
- Le frottement ou l’abrasion (un frottement prolongé peut générer de nouveaux points de pression sur le corps, alors que l’exosquelette est conçu pour les diminuer)
Tous les acteurs sont d’accord sur au moins un point : la faculté de soulagement de l’exosquelette. Bien utilisé, avec une étude des risques préalables, il peut soulager les manutentionnaires ou travailleurs à la chaine. Tout en réduisant l’amplitude de mouvements du travailleur.
Les recherches sur les exosquelettes avancent à grands pas, mais pas assez pour les décideurs français qui demandent d’attendre avant de généraliser leur utilisation. On peut tout de même raisonnablement penser que dans un futur plus ou moins lointain, de nombreux travailleurs en seront équipés. Quand la technologie se sera perfectionnée, nous serons tous des robots.