L’acoustique, c’est un peu l’arlésienne des architectes. Lorsque l’on s’attarde sur les plans d’un bâtiment à venir, on voit toujours peu d’annotations sur le confort acoustique. Alors que pourtant, cela devient un problème de plus en plus mal vécu. Une étude YouGov a révélé que plus de la moitié des britanniques interrogés souffraient de bruits indésirables dans leur maison et que 35% d’entre eux affirmaient que ce bruit affectait leur sommeil.
Pour pallier ce problème, l’association américaine « Architecture Today » a réuni 4 éminents spécialistes du secteur pour tenter de trouver des pistes d’amélioration. Sous la forme d’un webinar appelé « Noise Matters » (le bruit ça compte). Alors comment résoudre les futurs problèmes de nuisance sonore lors de la conception d’un bâtiment ? On vous détaille ici les conclusions de ce passionnant échange.
Penser et définir l’acoustique
Le premier à intervenir fût le docteur Oliver Wolff, responsable de la physique du bâtiment chez Geberit. Il a premièrement souligné la complexité du design acoustique. « Quelle est la définition d’un bruit trop fort ? Il n’y en a pas, elle est propre à chacun » renchérit Helen Sheldon, associée chez RBA Acoustics. Ainsi 2 habitants d’un immeuble, exposés aux mêmes nuisances, les ressentiront différemment. Une première difficulté du design acoustique. Les intervenants sont en tout cas tous d’accord sur un point. La meilleure façon de traiter les potentiels problèmes de bruit est de les considérer le plus tôt possible dans le processus de conception. Postulat qui demeurera comme un fil rouge tout au long de la discussion.
Ben Burgess, directeur associé de Buro Happold, définit 6 facteurs clés à prendre en compte dans la conception acoustique d’un bâtiment. Qui sont : les bruits provenant de l’extérieur (transports…), le bruit se dégageant des activités à l’intérieur du bâtiment, le niveau d’isolation acoustique entre les espaces, le contrôle de l’acoustique et de la réverbération de la pièce et la conception de systèmes audiovisuels et sonores.
L’aurélisation, la solution pour un meilleur design acoustique ?
Pour le docteur Chilton, nous n’optons pas toujours pour la meilleure réponse acoustique, car nous devons trouver un équilibre entre l’acoustique, le coût, le besoin d’air frais et les problèmes environnementaux. La meilleure manière de procéder, selon lui, est « d’adopter une approche basée sur le bien-être ». Un espace doit soutenir la capacité des occupants à exécuter une tâche. Il doit leur donner un sentiment d’autonomie et les mettre à l’aise.
Deuxième piste de réflexion : il propose l ‘«auralisation» des bâtiments. Qu’est-ce que c’est ? C’est la capacité de montrer comment un édifice sonnera, par opposition à une visualisation, qui montre à quoi il ressemblera. Pour illustrer son propos, il présente une réalisation précise. Celle de Burridge Gardens, un projet résidentiel adossé aux lignes de chemin de fer très fréquentées de Clapham Junction, au sud de Londres. Grâce à ce procédé, l’impact sonore de la circulation des trains a été sensiblement diminué.
En travaillant avec les architectes sur la position des bâtiments, Chilton a pu les aider à mettre en place un édifice en plus qui protège les autres du bruit. Sur ce seul bâtiment, l’ingénieur a travaillé avec l’architecte pour aider à répondre au souhait du client d’éviter une façade étanche avec ventilation mécanique. A la place, il a utilisé des évents antibruit qui peuvent fournir une ventilation quotidienne adéquate.
Le webinar a principalement pointé du doigt la grande complexité de la mise en œuvre d’un design acoustique. Mais des pistes d’amélioration ont tout de même été évoquées. Elles passent par une approche basée sur le bien-être. Et par cette fameuse auralisation, une modélisation de la sonorité du bâtiment. Affaire à suivre donc…
Retrouvez l’intégralité du webinar (en anglais):
source ArchitectureToday