La deuxième vague est là. Alors que certains la pensait disparue avec l’été, la COVID revient nous empoisonner la vie. Depuis le week-end dernier, les plus grandes métropoles de France sont soumises à un couvre-feu. Plus personne n’est autorisé à sortir après 21 heures. Les attestations de sortie sont de retour. Si un deuxième confinement généralisé ne semble pour l’instant pas à l’ordre du jour, notamment pour des raisons économiques, le gouvernement incite fortement ceux qui le peuvent à retourner en télétravail.
Pourtant, selon des études, il n’y a plus qu’un français sur sept qui le pratique aujourd’hui. Personne ne semble réellement emballé, que ce soient les patrons ou salariés. Pourquoi le télétravail patine ? Quels sont les facteurs qui empêchent son développement ? C’est ce que nous allons essayer de voir.
Une qualité de vie au travail pas forcément meilleure, loin de là
C’est ce qui ressort d’une étude pour Les Echos et Harmonie Mutuelle. Elle établit que 60 % des télétravailleurs sont sujets en premier lieu à un regain angoisse. Ce dernier étant liée au manque d’interaction avec les collègues, au sentiment d’isolement ou encore à l’afflux de mails ou la programmation intensive de réunions virtuelles. Plus de 2 sur 3 craignent « de ne jamais pouvoir déconnecter » et 70% que le lieu de travail perde sa fonction d’endroit convivial. Enfin 33% admettent que les relations familiales sont également une source de stress supplémentaire, selon une étude de l’assureur Malakoff. Si certains spécialistes alertent d’une situation précaire généralisée pour l’équilibre mental, le physique est également soumis à des pressions.
Des risques de lombalgie accrus
Ce sont les premiers résultats inattendus du télétravail pendant le confinement. En juillet, dans le cadre de questionnaires sur les comportements des Français face au Covid-19, Santé Publique France a interrogé 6.000 personnes sur la survenue éventuelle de lombalgies pendant le confinement ou l’aggravation de douleur dans le bas du dos. Le résultat est préoccupant. 10% des personnes interrogées ont développé des lombalgies alors qu’elles n’en avaient jamais connu auparavant. Pourquoi ? Lorsque l’on est entré en confinement en Mars, cela s’est fait dans la précipitation. L’annonce a été faite seulement 4 jours avant la mise en place. On s’est donc organisé sans penser au bien-être et à l’ergonomie, pour faire face à une situation dont on ne savait pas quand elle finirait. De plus, le domicile n’est souvent pas équipé du matériel ergonomique dont s’équipent de nombreux bureaux. En bref, les salariés ne sont pas pleinement satisfaits par le télétravail. Les salariés… et les patrons.
Des employeurs qui rechignent aussi
C’est le résultat d’une étude réalisée en septembre par Willis Towers Watson. 41% des employeurs sont réticents au développement du télétravail, et 61% des entreprises ne sont pas parvenues à ajuster leurs règles en la matière. Les raisons avancées, la perte d’efficacité et de l’émulation normalement générée sur le lieu de travail. Pour Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), « la cohésion d’entreprise disparait ». Dernier problème, et non des moindres, la législation est encore floue. Si l’employeur est tenu de fournir à l’employé son matériel de travail, les patrons français craignent de devoir à l’avenir s’acquitter de primes de chauffage, de nourriture ou d’Internet demandées par les syndicats. Des syndicats qui militent activement pour un meilleur encadrement de l’activité de télétravail.
Hausse du stress, de l’angoisse et des douleurs lombaires pour les employés. Suspicion de plus en plus grande du côté des patrons. Le télétravail a donc de nombreux obstacles à franchir avant de faire consensus. Mais les plus fins connaisseurs le remarqueront : quelque chose a-t-il déjà fait consensus en France ?