On n’arrête pas le progrès. C’est ce que se sont dit de nombreux observateurs en découvrant cette innovation. La compagnie d’assurance The Travellers Companies, principal acteur dans la couverture des voyageurs aux USA, devient le premier assureur à proposer à ses clients professionnels des évaluations ergonomiques virtuelles réalisées grâce à l’intelligence artificielle. Tout cela afin de lutter plus efficacement contre les TMS (troubles musculosquelettiques).
Pour rappel, l’appellation TMS regroupe l’ensemble des maladies localisées au niveau ou autour des articulations : poignets, coudes épaules, rachis ou encore genoux. Des symptômes quasiment systématiquement causés par des gestes répétitifs et incommodes réalisés dans le cadre de l’activité professionnelle. Avec le télétravail (et l’absence de supervision) les troubles liés à l’activité professionnelle ont littéralement explosé dans le monde. Par conséquent, les entreprises multiplient les offres de prévention, comme ici The Travellers Companies. Alors comment ça marche ?
Une étude ergonomique
L’offre d’étude ergonomique cible donc les professionnels du transport. Une population à risque, car devant souvent garder une posture fixe pendant des heures. On pense aux conducteurs de camion ou de train. L’étude ergonomique est réalisée en 2 temps :
- Une vidéo d’un travailleur effectuant une tâche est réalisée avec un smartphone. Des évaluateurs identifient ensuite les mouvements et les postures qui pourraient causer des blessures.
- Le logiciel quantifie alors le risque et produit un rapport. Ce qui aide le professionnel de l’ergonomie à développer par la suite des solutions adaptées aux risques encourus.
Pourquoi l’IA utilisée dans une étude ergonomique ?
Dans un premier temps, pour augmenter le niveau général de la lutte contre les TMS. En utilisant l’IA, l’assureur est capable de fournir des rapports et des conseils d’ergonomie à distance. Une utilisation des nouvelles technologies qui ici rapproche paradoxalement les gens. Car il permet un suivi plus personnalisé et donc meilleur. De plus, l’utilisation d’un logiciel permet de ne laisser passer aucun risque, au contraire de l’œil humain.
La partie évaluation des problèmes est également raccourcie, ce qui laisse plus de temps aux experts pour s’occuper des corrections. « En utilisant l’IA, nous pouvons réduire le temps passé à évaluer les problèmes de quelques jours à quelques heures » clame même Marty Henry, vice-président principal du contrôle des risques au sein du groupe.
L’ergonomie connait un boom
Il est indéniable que l’ergonomie connait un âge d’or, autant en popularité qu’au niveau des avancées technologiques. Cela s’explique par 2 phénomènes récents. Premièrement, les derniers mois ont vu l’explosion dans le monde des consultations pour des TMS. C’est ce qu’ont signalés les professionnels du secteur, surtout aux Etats-Unis. Le confinement a protégé les populations contre la COVID mais les a plus exposées aux TMS. Deuxième explication, les chefs d’entreprise, notamment grâce à des statistiques de plus en plus pointus, réalisent aujourd’hui plus qu’hier l’impact des TMS sur leur chiffre d’affaire. En terme notamment de baisse de productivité causée par des déficits d’énergie, de sommeil et de moral, voire l’absentéisme et les maladies professionnelles. Ce n’est donc pas un hasard si l’initiative est portée par un assureur (les organismes absorbant le cout des maladies professionnelles) en direction du monde du transport, l’un des plus touchés par ces phénomènes.
Le progrès des analyses ergonomiques grâce à l’intelligence artificielle est fulgurant. Mais il reste pour l’instant cantonné aux professions les plus à risque. On peut néanmoins raisonnablement penser que la technologie se démocratisera. Pour que les travailleurs de bureau, population elle aussi exposée aux TMS mais à un moindre degré puisse, elle aussi, leur dire définitivement adieu.