Des meubles et de la décoration intérieure en papier ? La société suédoise Kinnarps, fondée en 1942, y croit. Elle y réfléchit avec plusieurs partenaires à travers le projet ‘Designed for recycling’. Les premiers modèles beta, deux parois amovibles, sont même déjà prêts. Ce qui peut paraitre un rêve fou peut s’avérer, au regard de la situation environnementale et de l’impact climatique du secteur, vite devenir une nécessité impérieuse. Alors pourquoi le secteur de l’ameublement, y compris de bureau, doit faire sa révolution et où en est-elle ? Eléments de réponse.
Un secteur qui doit réinventer sa production
Les fibres textiles, notamment issues du coton, sont très prisées par l’industrie des meubles. Ce dernier est notamment apprécié pour ses qualités isolantes et comme revêtement de canapé. Or, aujourd’hui, dans le monde, ce sont 90 millions de tonnes de fibres textiles par an qui sont consommées. En raison de l’augmentation de la population mondiale, ce chiffre devrait doubler d’ici 2040. D’autres fibres textiles, comme le nylon et le polyester, ont un impact négatif majeur sur l’environnement. Quant au coton, il n’y a pratiquement plus d’espace pour en planter. De plus, sa culture et sa transformation posent aussi question. En raison de la forte consommation d’eau et de l’utilisation de produits chimiques dans sa culture.
C’est pour cela qu’il devient urgent de trouver des alternatives commercialement viables au coton et aux matières synthétiques. Qui pourrait être le papier, un matériau à la fois naturel et recyclable. On fabrique des tissus à base de bois depuis toujours, notamment à base de bambou ou de chanvre. Kinnarps, spécialiste des solutions pour les bureaux et bâtiments publics souhaite ainsi développer des textiles à base de papier recyclé.
Un mobilier ergonomique et écologique
Tout cela à travers le projet ‘Designed for recycling’. Projet dans lequel Kinnarps collabore avec Swedish Smart Textiles et treize autres entreprises suédoises de l’industrie forestière, papetière et textile. L’idée est de développer un cycle de production dans lequel le mobilier (de bureau) et ses éléments constitutifs sont fabriqués à partir de papier issu de la sylviculture suédoise. Car Kinnarps participe également à un programme valorisant le bois suédois. En essayant de lui trouver de nouvelles applications et débouchés durables.
Les meubles seront ensuite recyclés pour fabriquer à nouveau des fibres textiles, qui seront ensuite réutilisées pour la production. Deux tissus, fabriqués à partir de pins et de sapins, ont même déjà vu le jour. Kinnarps a conçu avec des prototypes de parois amovibles. Le rembourrage est fait avec le fil de papier, le noyau d’une structure en papier plus ferme. Pour faciliter leur recyclage, les éléments constitutifs peuvent être facilement séparés les uns des autres. Des fermetures intelligentes facilitent égale le montage et le démontage des parois.
Une démarche écologique claire et assumée
« Les choses sont claires : chez Kinnarps, nous voulons nous concentrer sur des produits qui peuvent contribuer à la transition vers la construction circulaire et donc à une meilleure protection de l’environnement », déclare Katrijn Vekens, Responsable Marketing du département belge. Le fabricant suédois, clair dans sa démarche, a également imposé un cahier des charges strict à ses fournisseurs. Et de fréquents audits pour s’assurer qu’elles le respectent.
Kinnarps ne fait donc pas du greenwashing. Au contraire de nombreuses sociétés voulant uniquement surfer sur la vague environnementale pour continuer à faire des profits sans diminuer leur impact écologique. De quoi réconcilier deux mondes que tout opposait dans l’esprit des gens. On espère maintenant que l’initiative du fabricant suédois soit le premier d’une longue série.