On s’en souvient à peine, mais il y a quelques mois, on les applaudissait tous les soirs à 20h00. Pour le personnel soignant, la pandémie et l’année 2021 ont été une terrible épreuve. Et depuis, de nombreuses personnes s’interrogent. Comment peut-on aider ces professions qui se sont pliés en 4 pour nous ? Par l’ergonomie par exemple. Car on oublie souvent que les hôpitaux peuvent s’avérer particulièrement dangereux pour les professionnels y exerçant.
Les médecins, les infirmières et le personnel de soutien subissent une pression énorme pour aider les patients. Ils utilisent des objets tranchants, lèvent des charges lourdes et se déplacent à toute vitesse dans un environnement souvent jonché d’obstacles. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la santé est l’un des secteurs les plus exposés aux maladies et accidents professionnels.
Lors d’une session numérique tenue lors par la Conférence nationale sur l’ergonomie ErgoExpo aux USA, deux experts ont exposé les pistes les plus prometteuses pour améliorer le quotidien des professionnels de santé. En l’occurrence Curt DeWeese, directeur d’Atlas Injury Prevention Solutions et Tricia Finley, gestionnaire de l’indemnisation des travailleurs / automobile chez Tenet Health. Morceaux choisis de la conférence « Gérer les blessures dans les hôpitaux : une solution complète pour un environnement complexe » qui s’est tenue le 26 janvier 2021.
Le grand enjeu : la manipulation sécuritaire des patients
Pour les deux intervenants, c’est le domaine qui présente le plus de risques. Et donc de marge de manœuvre sécuritaire. « L’âge moyen d’un travailleur de la santé est d’environ 50 ou 51 ans » note Curt DeWeese. « À mesure que les travailleurs vieillissent, ils constatent une diminution de leur force, de leur endurance et de leur équilibre.
Les patients étant de plus en plus gros, plus malades et plus dépendants, les exigences de travail ont augmenté tandis que les capacités diminuent. » Il est ainsi recommandé d’utiliser systématiquement des équipements de levage de patients. Même lorsque la « charge » semble faible. Ou alors des dispositifs de mobilité ou de réduction de la friction. Tout outil réduisant la charge physique est bon à prendre.
Tricia Finley ajoute que l’adoption de l’équipement de levage de patients nécessite une formation. C’est-à-dire un professionnel qui assiste les praticiens à adopter les nouvelles habitudes. Ce qui n’est pas sans obstacle. « C’est un changement de mentalité. Si un patient tombe, la réponse immédiate de nos infirmières est de l’aider à se relever. Nous leur apprenons qu’il faut le même temps pour utiliser un équipement de levage pour les aider à se relever sans se blesser ».
L’objectif de la pleine conscience
Les intervenants ont ensuite insisté sur la nécessité de se déplacer de manière consciente. C’est-à-dire en étant concentré à 100% sur le trajet. Pas facile lorsque l’on travaille pendant des dizaines d’heure et que l’on a de plus en plus de patients à gérer. Bien que la vitesse soit importante – en particulier dans des endroits comme les salles d’urgence ou les unités de soins intensifs – les travailleurs doivent se rappeler qu’ils peuvent être conscients de la sécurité sans perdre de temps.
Des actions simples comme l’inspection d’une poubelle tranchante avant de placer un article à l’intérieur peuvent éviter les blessures. Pour aider le personnel soignant, Tricia Finley veut miser sur la formation. « Plus nous fournissons de ressources et de formation sur les choix sûrs, plus ils occupent une place centrale lorsque les employés se bousculent. »
La généralisation de l’utilisation d’accessoires lors de la levée des patients et la pleine conscience lorsque le praticien se déplace. Selon ces deux experts, les domaines dans lesquels l’ergonomie peut aider le plus le personnel soignant.