Peut mieux faire, c’est un euphémisme. C’est l’appréciation générale récoltée par les entreprises belges en matière de politique préventive concernant le bien-être physique et mental sur le lieu de travail. C’est ce que révèle une enquête du spécialiste RH Acerta, de HR Square et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Une enquête menée par des acteurs publics et privés fin janvier et publiée en début de mois.
Il en ressort que seulement 43% font des efforts en la matière. Un chiffre inquiétant à l’heure où le sujet devient une priorité, crise sanitaire oblige. La santé mentale devient fragile. Comment peut-on expliquer une telle carence et surtout, quels pourraient en être les risques ? Explications et décryptage d’un sondage qui laisse perplexe.
Le bien-être physique et mental absent des politiques d’entreprise
Près d’un cinquième (18%) des entreprises interrogées admet ne pas encore entreprendre d’actions concrètes pour améliorer le bien-être de ses travailleurs. Une étude menée plus de 8 mois après le début de la crise sanitaire. Qui n’a manifestement pas fait évoluer les mentalités. Petit motif d’espoir, quasiment toutes les structures interrogées déclarent y accorder une grande importance.
Même chez les entreprises faisant des efforts dans le domaine, ils ne font pas partie d’une politique globale. En effet, 39% des entreprises interrogées déclarent seulement faire des efforts temporaires ou limités pour améliorer le bien-être de leurs collaborateurs. Pour Benoît Caufriez, directeur d’Acerta Consult, ce genre de politique ne mène qu’à un achat temporaire de paix sociale. Selon lui, les travailleurs ne considèrent ce genre d’intervention comme une politique de bien-être.
“Nous pensions que la crise du coronavirus donnerait un coup d’accélérateur, mais cela ne semble pas être le cas pour l’instant”, déclare-t-il. Il semble en effet que les entreprises belges sont toujours en mode « survie » depuis le début de la pandémie. Elles utilisent leur énergie pour parer au moment présent et ne peuvent pour l’instant pas envisager le futur. Un futur qui sera impacté par les nouvelles mesures sanitaires.
Le bien-être physique et mental sur le lieu de travail, une question qui va devenir centrale
Toutes les études le montrent : les effectifs et surtout les managers souffrent depuis le début de la crise sanitaire. Ségolène Arzalier-Daret, anesthésiste-réanimatrice et coadministratrice de l’Observatoire de la Souffrance au Travail, alertait récemment sur le sujet. Chose assez incompréhensible, 96 % des entreprises interrogées reconnaissent avoir conscience du problème. Depuis 2 ans, la part de ces derniers considérant le bien-être comme “très important” a tout de même doublé pour passer de 32 à 67%.
Pourtant (ce sondage n’est décidément pas à un paradoxe près) les patrons reconnaissent l’absence quasi-totale de politique de prévention dans le domaine. Ni politique, ni suivi, ni amélioration. Près d’un tiers d’entre eux (32%) déclarent que les efforts visant à améliorer le bien-être de leur personnel reposent purement sur leur intuition. Ils ne pratiquent non plus peu ou prou de suivi. Un suivi que les entreprises semblent d’ailleurs remplacer par l’autosatisfaction. En effet, près de 50% des entreprises déclarent penser que leurs actions de prévention sont bien perçues par les salariés. Seulement 20% des entreprises peuvent justifier d’un suivi et 25% n’ont rien à dire lorsqu’on leur parle du sujet.
Les sociétés belges ne voient donc pas pour l’instant les avantages d’une politique préventive. Une politique plaçant le bien-être physique et mental des employés au centre des politiques RH. Alors que de l’autre côté, la pandémie a décuplé la fragilité des employés sur le sujet. Et si, au vu des enjeux, la politique de bien-être au travail ne devenait pas publique ? Affaire à suivre…