Écoles, bureaux, comment limiter le risque COVID-19 dans les bâtiments ?

Ergonoma Journal est heureux de pouvoir donner un coup de projecteur et de relayer le questionnement des architectes liés à L’ordre des Architectes. En période imminente de la fin progressive du confinement et de la réutilisation de locaux qui auront été inoccupés depuis plus de deux mois. Une réflexion à la fois globale et pragmatique, au cas par cas, s’impose afin que les bâtiments ne participent pas à l’extension ou à la reprise de l’épidémie de COVID-19.

En perspective du déconfinement, c’est dès le 26 mars 2020, que le Conseil national de l’Ordre des Architectes (CNOA) a alerté sur les risques sanitaires liés à l’installation de malades dans des locaux inadaptés et sur la nécessité d’intervenir en urgence sur les EHPAD. Il rappelait notamment le besoin d’organiser l’espace pour éviter les croisements critiques des flux, la nécessité d’abaisser la charge virale de l’air ambiant et de contrôler les flux aérauliques en intervenant sur les systèmes de ventilation.

Interrompre la chaîne de transmission dans le bâtiment

Comme lors des infections respiratoires virales, le virus SRAS-CoV-2 se transmet par contact direct de personnes infectées, de surfaces ou d’objets que ces personnes ont touché ou sur lesquels se sont déposées de grosses gouttelettes contenant du virus expiré par les individus contagieux. Les gouttelettes peuvent également atteindre directement les personnes à proximité immédiate de celle qui est infectée. On comprend que le lavage fréquent des mains et le maintien d’une distance d’au moins un mètre (longueur d’un bras), évitent de contracter l’infection.

Le maintien de la distanciation physique doit pouvoir s’organiser dans des locaux où la densité d’occupation humaine est, au contraire, la règle pour des raisons économiques.

Jusqu’à ces derniers jours, face à la pénurie d’équipements de protection individuelle, la question du transport par l’air de particules chargées de virus a été peu ou pas du tout abordée. Des chercheurs de l’Institut technique du Massachusetts et de l’Université de Queensland en Australie rappellent les travaux récents qui mettent en évidence que si l’expiration, les éternuements et la toux génèrent des grosses gouttelettes mucosalivaires qui se déposent près du point d’émission, ils créent aussi de plus petites gouttelettes libres de voyager dans l’air et de transporter leur charge virale à des mètres voire des dizaines de mètres dans l’air intérieur. La transmission virale pourrait alors d’effectuer par aérosol.

Le professeur Lidia Morawska, expert de renommée mondiale en matière de qualité de l’air à l’Université du Queensland et le professeur Junji Cao de l’Académie chinoise des sciences rappellent que « le précédent coronavirus, le SARS-CoV-1, s’est propagé dans les airs. Comme il existe de nombreuses similitudes entre ces virus, il est très probable que le SARS-CoV-2 puisse se propager par voie aérienne. Une revue de l’Organisation mondiale de la santé (OMS 2009) a révélé que les maladies infectieuses virales peuvent être transmises à des distances pertinentes pour les environnements intérieurs par les aérosols (par exemple, les infections aéroportées) et peuvent entraîner de grands groupes d’infection en peu de temps ». Néanmoins, l’importance de la transmission aérienne est marginalisée certainement parce qu’il est difficile de détecter directement les virus se déplaçant dans l’air. « Le fait qu’il n’existe pas de méthodes simples pour détecter le virus dans l’air ne signifie pas que les virus ne voyagent pas dans l’air. Nous devons agir sur la base de l’hypothèse que le COVID-19 se propage dans l’air ».

Les exemples de transmission virale sans contact sont nombreux 

L’analyse du modèle de propagation du COVID-19 en Chine révèle de nombreux cas de transmission sans contact, en particulier dans les zones situées en dehors de Wuhan. Dans un article récent, publié dans JAMA, la dispersion virale a été évalué dans l’environnement hospitalier. Le virus a été détecté sur les sorties d’évacuation d’air, ce qui suggère que le virus se trouvait dans des gouttelettes déplacées par les flux d’air. Les systèmes de ventilation pourraient propager le virus. Ce type de transmission est capable d’infecter un grand nombre de personnes rapidement.

Par conséquent, toutes les précautions possibles contre la transmission aérienne dans les espaces clos doivent être prises : ouverture des fenêtres, augmentation du débit de ventilation et de la durée de fonctionnement, arrêter la recirculation de l’air et le fonctionnement de certains systèmes de récupération de chaleur, ne pas rester dans le flux d’air direct d’une autre personne et réduction du nombre de personnes partageant le même environnement. Ces précautions se concentrent sur l’environnement intérieur : maisons de retraite, soins infirmiers, hôpitaux, mais aussi commerces, bureaux, écoles… c’est-à-dire dans tout lieu, où le risque d’infection est le plus élevé, en raison de l’accumulation possible de particules transportant le virus aéroporté, et d’une plus grande densité de personnes.

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Pour le retour à l’école des élèves, le Conseil scientifique COVID-19 mentionne dans sa note1 la nécessité de « l’aération des salles de classe, en particulier lors des temps de pause (récréation, déjeuner, changement de salle de classe) ».

Les immeubles tertiaires, administrations et sièges sociaux.

notamment ceux aux façades étanches à l’air, caractéristiques des quartiers d’affaires comme La Défense, nécessitent des diagnostics au cas par cas. En fonction des différents locaux, accueil du public, réunions, open spaces… les systèmes de ventilation, mais également la nature des revêtements et la densité d’occupation, l’analyse des espaces investis par les flux d’usagers, dont les ascenseurs, devraient être analysés. Cela n’est pas sans conséquences probables sur le fonctionnement, avec une modulation de l’occupation notamment permise par le télétravail, les installations techniques et l’organisation spatiale.

Désinfecter sans intoxiquer.

Pour rassurer la population,il est annoncé la désinfection des locaux avant leur réutilisation. Les caractéristiques du COVID-19 ne réclament pas beaucoup plus de dispositions que la reprise d’activités en septembre après une longue période d’interruption de congés d’été. La réouverture doit être précédée d’une ventilation importante, d’un nettoyage complet, de l’élimination des poussières et des moisissures qui ont pu apparaître dans des volumes clos. Par contre, en fonctionnement, la présence potentielle du virus doit être intégrée dans les préconisations

La durée de l’infectiosité du virus est conditionnée par plusieurs paramètres comme le type de support, l’humidité résiduelle, la température, la quantité de liquide biologique et la concentration virale initiale. La stabilité de plusieurs coronavirus dont le SARS-CoV-1 et -2 a été testée expérimentalement en 2020 sur des surfaces différentes. Le plastique et l’acier inoxydable offrent une plus grande stabilité au virus. Sur le carton, aucune persistance n’a été détectée après 24 heures, et sur le cuivre, après 4 heures. Il n’y a pas de différence de persistance environnementale entre les deux virus testés. Toutefois, les études ne permettent pas d’apporter d’éléments sur la transmissibilité du virus aux personnes qui rentreraient en contact avec ces surfaces contaminées.

L’inactivation des coronavirus humains est obtenue par désinfection des surfaces

Avec des solutions comprenant de l’éthanol, du peroxyde d’hydrogène ou d’hypochlorite de sodium et avec un temps de contact minimum d’une minute. Parmi les différentes familles de désinfectants de surface, plusieurs sont irritants voire caustiques comme le chlore et ses dérivés, d’autres allergisants comme les ammoniums quaternaires, les aldéhydes dont le formaldéhyde, les phénols. Les alcools sont peu toxiques et non corrosifs. Les produits parfumés participent à la dégradation de la qualité de l’air intérieur en raison de leurs émissions de substances irritantes et allergisantes. Les lingettes désinfectantes sont pour la plupart imprégnées d’une solution comprenant des substances actives telles que de l’éthanol, de la chlorhexidine digluconate, du chlorure de benzalkonium, ammonium quaternaire responsable d’allergies cutanées et respiratoires. L’utilisation de gants est recommandée pour l’utilisation de ces lingettes.

L’inactivation des coronavirus humains est obtenue par désinfection des surfaces avec des solutions comprenant de l’éthanol, du peroxyde d’hydrogène ou d’hypochlorite de sodium et avec un temps de contact minimum d’une minute. Parmi les différentes familles de désinfectants de surface, plusieurs sont irritants voire caustiques comme le chlore et ses dérivés, d’autres allergisants comme les ammoniums quaternaires, les aldéhydes dont le formaldéhyde, les phénols. Les alcools sont peu toxiques et non corrosifs. Les produits parfumés participent à la dégradation de la qualité de l’air intérieur en raison de leurs émissions de substances irritantes et allergisantes. Les lingettes désinfectantes sont pour la plupart imprégnées d’une solution comprenant des substances actives telles que de l’éthanol, de la chlorhexidine digluconate, du chlorure de benzalkonium, ammonium quaternaire responsable d’allergies cutanées et respiratoires. L’utilisation de gants est recommandée pour l’utilisation de ces lingettes.

Quelles conséquences de la crise COVID-19 sur nos futurs bâtiments ?

Cet événement sanitaire va nécessairement impacter les programmes architecturaux. Nous nous battons depuis des décennies pour que la problématique santé soit un des paramètres clefs quand on pense l’architecture, en construction neuve comme en rénovation.

Les immeubles tertiaires vont devoir s’adapter à la problématique santé, mais surtout intégrer le bouleversement des modes de travail que beaucoup d’actifs ont découverts et appréciés, ces deux derniers mois.

Ce volet santé n’est qu’un élément d’une démarche holistique de la conception architecturale, qui prend en compte tous les paramètres fonctionnels, émotionnels, financiers et patrimoniaux, écologiques, climatiques etc. Intégrons-le, mais ne refaisons pas l’erreur de la rénovation « énergétique » qui a cristallisé pendant des années l’action publique sur un seul critère.

Source Architectes