Ottobock envoie plus de 100 fauteuils roulants à Beyrouth après l’explosion du port
Lorsque les entreprises jouent les mécènes, le public n’adhère pas forcément. Il y voit un double jeu, des idées de profit derrière la tête. Mais là, force est de constater que le geste est beau. La société allemande Ottobock, spécialisée dans la conception de composants prothétiques et orthopédiques, vient de lancer une opération humanitaire visant à envoyer des fauteuils roulants à Beyrouth. Tout ceci après la terrible explosion survenue le 4 août dans le port de la ville, causant 181 décès.
Ottobock envoie donc une centaine de fauteuils roulants pour soulager les nombreux blessés. Le tout en publiant seulement une brève sur son site Internet, sans essayer de « sur vendre » l’information dans les médias. Une attitude rare qui doit être soulignée. Explications.
L’explosion de Beyrouth, des blessés par milliers
Il y aura donc un avant et un après 4 aout 2020 au Liban. Vers 18 h00, une première explosion secoue la ville, sans trop dégât mais avec un épais nuage toxique se dispersant dans le ciel. Quelques instants plus tard, ce sont 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans l’un des hangars de la zone portuaire qui provoquent une déflagration d’une violence rarement vue. Une grande partie de la ville est détruite, 181 morts et plus de 4000 blessé sont à dénombrer. 4000 personnes qui auront probablement besoin de matériel orthopédique et de chaise roulante. D’où la prise de conscience de la société allemande.
Une société leader
Car ce n’est pas n’importe quelle société qui envoie ce matériel. Créée à Berlin en 1919, la société Ottobock, connue pour ses exosquelettes de la série Paexo, a d’abord tenté de répondre aux besoins des combattants de la première guerre mondiale mutilés. Elle fût ensuite pionnière dans de nombreux domaines, comme celui d’introduire du polyuréthane dans la fabrication des prothèses orthopédiques. En 1953 émergera l’idée de prothèses entièrement fabriquées en plastique, ce qui a permis leur démocratisation. Ottobock a enfin participé à la création de la C-leg, cette prothèse de genou électronique permettant une prothèse épousant la dynamique musculaire et osseuse du patient. Une invention rendue célèbre par l’athlète paralympique sud-africain Oscar Pistorius. Une société innovante donc, mais qui ne rechigne pas à aider son prochain.
Les détails de l’opération : des prothèses orthopédiques suivront
C’est via sa fondation, basée à Duderstadt (au même titre que ses bureaux) qu’Ottobock a pu coordonner cette opération. “Les gens ont besoin de notre soutien rapidement maintenant. La majorité de la population libanaise vit à Beyrouth. Donc presque toutes les familles sont touchées par la catastrophe”, explique le professeur Hans Georg Näder, propriétaire d’Ottobock. Il est à noter que cet envoi de chaises roulantes n’est qu’un galop d’essai. « Nous discuterons ensuite avec les organisations humanitaires sur place pour savoir dans quelle mesure d’autres aménagements, en particulier avec des prothèses, sont nécessaires”, déclare le président du conseil d’administration Karsten Ley. On peut donc imaginer que les prothèses représenteront la majorité de l’aide. Les livraisons sont assurées par la société Zufall, partenaire logistique historique d’Ottobock. Tout le matériel est expédié depuis le port d’Hambourg. En raison de la destruction de la plupart des infrastructures a Beyrouth, les fauteuils seront réceptionnés au port de Tripoli, en Libye. La logistique demeure des plus importantes, surtout en vue d’un potentiel deuxième envoi de matériel. Vous pouvez retrouver tous les détails de l’opération ici.
Ce n’est donc que le début d’une magnifique opération humanitaire, une fois n’est pas coutume menée de main de maitre par une société privée. Et qui devrait en appeler d’autres. Les humains n’ont malheureusement pas fini de se faire la guerre ou de se blesser…