Les exosquelettes pour accompagner le travail gériatrique : bonne ou mauvaise idée ?
Dans l’univers du bien-être, les exosquelettes, c’est la tendance du moment. Littéralement squelette extérieur, il consiste en une structure renforçant tout une partie du corps. Si certains commencent à en concevoir pour aider les personnes en handicap à marcher, ils sont pour le moment surtout développés en appui de professions à risque. Comme les manutentionnaires par exemple. Mais pas encore à tous les métiers nécessitant des ports de charge, comme la gériatrie par exemple. Les médecins s’occupant de personnes âgées qui ne peuvent parfois ne plus se mouvoir du tout.
La revue américaine SAGE Journals a lancé une étude sur le sujet. Elle a équipé des infirmières en gériatrie d’exosquelettes, a récolté puis analysé les résultats. Que manque-t ‘il pour que les exosquelettes partent à la conquête du monde de la gériatrie ? c’est ce que nous allons voir.
Les exosquelettes comme matériel médical
Le personnel soignant en gériatrie était équipé d’exosquelettes « passifs », c’est-à-dire des aides au levage portables, semblables à des harnais, non alimentés par une quelconque source d’électricité. L’expérience s’est déroulée en 3 temps. Premièrement, les infirmières ne portaient aucun équipement. Puis, dans un deuxième temps une seule d’entre elles portait un exosquelette puis toutes les intervenantes étaient équipées dans le troisième et dernier acte. Ce qui les a permis, lorsque leurs impressions leur furent demandées, de bien distinguer les moments avec ou sans exosquelette. Et leurs impressions sont mitigées.
Une valeur ajoutée à peaufiner
La plupart des infirmières ont rapporté que l’exosquelette réduisait la tension dans le bas du dos lors de l’assistance au patient. Cependant, seulement la moitié ont déclaré avoir l’intention d’utiliser des exosquelettes dans leur travail. Elle se sont en effet plaints d’un mauvais ajustement. Elles ont estimé que le port de l’exosquelette les rendait plus rigides et incapables de réagir à des situations inopinées. Piste d’amélioration, elles ont déclaré qu’un exosquelette plus petit serait envisageable à utiliser de manière quotidienne. De plus, il semble impératif que l’exosquelette soit plus facile et rapide à mettre en place en raison du besoin de réactivité du personnel soignant. Une taille plus petite permettrait également aux soignants de cacher l’équipement aux patients.
Une discrétion nécessaire
Car c’est l’autre grand enseignement de cette étude. Il semble primordial que l’exosquelette ne soit pas visible par le patient. Les infirmières étaient préoccupées par leur propre sécurité lorsqu’elles portaient l’équipement, car les patients pouvaient s’agripper à l’appareil. Dans les soins apportés pour démence, il est très courant que le patient cherche à s’agripper à la personne en charge de lui. Deuxièmement, le personnel soignant craint que le port de l’exosquelette le fasse passer pour « moins humain » auprès des malades. Une apparence de « robot » (les personnes âgées étant souvent moins réceptif au changement) semblait distendre le lien entre les infirmières et les patients. Ces derniers, même s’ils ont montré dans l’ensemble de l’indifférence, ont quand même par moment émis quelques réserves. Certains compatissait même avec des infirmières qui paraissaient « engourdies ».
Enfin, des doutes subsistent chez les utilisateurs envers la fiabilité des équipements. Ce qui a pour conséquence d’augmenter le stress des infirmières déjà sensibles à ce phénomène. Ce qui est moins causé par la fiabilité des équipements testés que par la mauvaise appréhension d’une nouvelle technologie.
Les services de gériatrie envahis par les exosquelettes, ce n’est pas encore pour demain. Il semble impératif qu’une deuxième génération d’équipements prenant en compte les spécificités de la profession voit le jour. Plus pratiques et discrets, notamment. Pour soulager une population très exposée aux TMS.