Majencia, dénouement pour le fabricant français du mobilier de bureau
Le tribunal de commerce de Nanterre étudiera le 29 octobre le dossier de reprise de Majencia à Bressuire. Après la reprise par le géant polonais Nowy Styl en 2019, un plan social était déjà annoncé en Juillet. Une version quasi finale vient d’être rendue publique. Et elle a été vécue par les syndicats comme une « demi-victoire ». Un jugement qui doit être rendu à la fin du mois doit l’entériner. Une partie de l’effectif devrait être reprise par le groupe Vinco, basé dans l’Eure. Si les travailleurs semblent entrevoir pour la première fois depuis longtemps un « vrai projet » industriel, la dégringolade aurait pu être évitée .
Un plan social moins dur que prévu
C’est du soulagement que l’on pouvait voir sur les visages des syndicalistes. Car c’est 170 suppressions de postes qui étaient prévues au départ. Après de nombreuses réunions avec les délégués du personnel, le nombre a été ramené à 112. Cependant, un plan social un an après une reprise par un géant mondial du secteur (Nowy Styl) ne laisse que peu de place aux réjouissances. D’autant que les syndicats ne semblent pas en osmose totale avec les différents décideurs.
Des négociations à poursuivre
Ces derniers n’ont pas encore approuvé le double plan (de sauvegarde de l’emploi par Nowy Styl et de reprise par Vinco). Ce qui coince : le contenu du Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). « Il n’y aura pas de primes supra-légales de licenciement. C’est la raison pour laquelle nous avons émis un avis défavorable » déplore un responsable syndical. Ce qui, à leurs yeux, fragilise un peu plus les salariés qui vont perdre leur emploi. Ces derniers ne bénéficieront pour l’instant que des aides au reclassement prévues par la loi. « Les personnes de moins de 57 ans bénéficient de sept mois de congés de formation. Cette durée est portée à neuf mois pour les plus de 57 ans, avec une rémunération à hauteur de 75 % du salaire brut » résument les syndicats. Une enveloppe de 3 000 € d’aide à la formation est aussi prévue pour les personnes devant quitter l’entreprise. Une mesure dont l’intérêt est également contesté par les syndicats, au regard de la moyenne d’âge des effectifs.
Un vrai projet industriel
Il y a deux ans, Majencia SA réalisait encore 95 millions de chiffre d’affaires début 2018, sa chute peut susciter des regrets chez ses derniers salariés. Quand Majencia avait été placée en liquidation judiciaire en décembre 2018, trois entreprises presentaient une candidature à sa reprise : le groupe polonais Nowy Stil et les deux Français Vinco (déjà) et Mobidecor (filiale du groupe Jacot). C’est au final le polonais que le tribunal de commerce avait préféré.
De nouveau sur les rangs, le plan de reprise du groupe Vinco commence à également se dessiner. Il prévoit de conserver 25 emplois sur le site de production de Bressuire (Deux-Sèvres) et 35 sur celui de Noyon (Oise). Des chiffres qui font plus penser à un plan de survie que de reprise. Pourtant, le nouveau projet suscite l’espoir auprès des syndicats.
« Les dirigeants se sont déplacés sur site. Le repreneur a peut-être sous-estimé les effectifs nécessaires, mais par précaution. L’activité a effectivement du mal à repartir, mais nous sentons une réelle volonté » déclare Patrick Pinier, responsable syndical. Le site de Noyon sera dédié à la réalisation de petites armoires métalliques. À Bressuire, on continuera avec la production historique, le mobilier de bureau.
Paradoxalement, la période du confinement n’a pas profité aux fabricants de matériel de bureau, bien au contraire. Car ce genre d’investissement est plutôt réalisé par l’entreprise. Avec pour résultat un secteur plus que sinistré. Et qui semble devoir se réinventer complétement. En proposant par exemple des gammes plus accessibles et plus ergonomiques. Car le mobilier de bureau est appelé à être de plus en plus utilisé… à la maison.
Source: Courrier Picard